Ah, ce bilan 2020…

Ah, ce bilan 2020…

Je vais tenter de retranscrire toutes les émotions par lesquelles je suis passée dans cette année, riche en rebondissement:

Janvier 2020, je suis encore en plein dans ma formation pro de Webmarketing. Nous étions parti une semaine en Décembre 2019 en vacances, pour nous reposer, au soleil au moment des fêtes et je me demandais comment l’année suivrait son cours.

On commence en formation à nous parler de “la suite” et nous sommes censé réaliser un “stage” en Avril, avant de passer le diplôme, pour ceux qui en ont l’intention. Je regarde un peu ce qu’il se passe dans la Région, et beaucoup de postes dans des univers très corporate se présentent, assez loin de ce que je souhaite réaliser. Je ne sais pas à ce moment-là si j’ai envie d’un poste en salarié, ou de continuer en Freelance avec de nouvelles cordes à mon arc, ou si une agence de communication digitale, avec des missions variées m’intéresserait.

Je réponds à une annonce d’une marque de maillot de bain recyclé, du 34 au 48, à Lyon, qui recherche quelqu’un pour l’accompagner sur le webmarketing pour son lancement.

Les dates ne correspondent pas vraiment, mais je suis super emballée par le projet: j’envoie un mail à mon mec depuis le cours de code que je suis, en lui disant un truc du genre “job idéal”.

Je maile donc Pauline de manière hyper authentique et spontanée, assez loin des mails de candidatures très formels dans lesquels je ne me retrouve pas. 

Nous sommes alors le 6 Janvier 2020.

A la lecture de votre annonce, j’ai eu l’impression de lire une annonce idéal pour mon profil, en effet je suis photographe de mode de métier (www.rachelsaddedine.com), et depuis Octobre je suis une formation chez Digital Campus, dans le domaine du digital et du webmarketing pour confirmer et affiner mes connaissances.  Je suis également blogueuse dans le domaine de la mode grande taille, avec pour valeur l’acceptation de soi que je partage avec ma communauté, mais aussi en ayant opéré un grand tournant, il y a plus de 2 ans sur la mode éthique, la seconde main, le vintage et tout ses sujets qui me tiennent à coeur. 

Travailler avec des entreprises pour lesquels j’ai des valeurs et une éthique commune, est un de mes grands objectifs de l’année 2020, c’est pourquoi je serais vraiment intéressée pour m’entretenir avec vous à propos de ce poste, en espérant avoir attiré votre attention.

Je me dis, vraiment, que ce serait une super expérience: de la mode, mon secteur de prédilection, une démarche écologique, des valeurs inclusives (plus que dans la plupart des marques éthiques), et arriver au début du projet qui me permet de vraiment être utile.

Je rencontre Pauline, un soir, à La Part Dieu, et on se quitte plus de 3 heures plus tard! Aucun temps mort, plein de suggestions, on sait qu’on va avancer ensemble.

Puis, je me tape successivement: la grippe, puis mon opération du kyste à l’ovaire, je suis crevée… maiiiis je reste motivée.

Dès Février, je commence donc en parallèle à ma formation, à travailler sur Maline:

Choisir des profils pertinents pour la marque en influence, contacter de manière personnalisée chaque fille, je commence à recevoir des messages enthousiastes de quelques blogueuses, je prends en main la publication des posts sur instagram, la newsletter… 

En Avril, je suis censée me mettre à 3 jours par semaine sur le projet, car je dois boucler en même temps: mon mémoire de fin de formation, et que je souhaite reprendre un peu mon activité de photographe, voir mes amies que j’ai eu peu de temps et d’énergie à voir durant ce tunnel…

 

FOU RIRE, v’là… le COVID19 !

 

Mi-Mars, nous sommes donc en confinement. Nous finissons la formation deux semaines en visio, puis nous sommes enfermés chez nous, sans savoir de quoi sera fait demain.

 

L’atelier de production des maillots de bain en France, ferme. On passe par des émotions très compliquées avec Pauline. On décide de lancer de la pré-commande. 

 

Mon mec se fait remercier de ses missions pour la boite américaine avec laquelle il bosse: pas de préavis ou presque, pas de chômage.

Angoisse totale, insomnie, yeux écarquillés toutes les nuits, à imaginer comment on peut réussir à s’en sortir. Franchement, c’était super-super-chaud. 

 

Avril, on lance la pré-commande, et on remue un peu ciel et terre pour réussir à intéresser les filles, alors qu’on a malheureusement pas de maillot de bain à leur envoyer à ce moment-là, on reçoit de chouettes soutiens.

Mi- Mai, on déconfine doucement, et à ce moment-là, l’atelier commence à reprendre la production. Seulement, la chef d’atelier est absente car son mari est en réanimation des suites du Covid. On oscille entre compassion, fatigue…

 

Pendant ce temps-là, je suis sur mon mémoire depuis Mai, car clairement le mois d’Avril était si anxiogène et le sujet imposé si peu inspirant que je n’arrivais pas du tout à m’y mettre. Je me demande même si je ne vais pas repousser mon passage du titre officiel à la session suivante, car je n’arrive à rien. Puis je ne sais pas trop comment, je commence à réfléchir à une stratégie d’influence pour le domaine dans lequel mon sujet est imposé. 

Pour la petite histoire, je dois faire la refonte et la stratégie d’un site de vente… dans le domaine de la Pêche. Pas le fruit hein, les poissons! 

 

Je cherche des influenceurs Pêche et figurez-vous… que ça existe! Encore aujourd’hui je reçois des notifications de Youtube sur la Pêche au gros, et de live! 

A partir de là, tout se décante: logo, direction, ton de la marque, personae…

LE DECONFINEMENT, OUI, MAIS UNE FATIGUE IMMENSE

 

 Mi-juin, on commence à récupérer la production, au compte goutte. Tous les deux jours Pauline reçoit des pièces chez elle et fait les envois possibles. 

Je passe mon écrit puis mon oral. Je suis la dernière de la classe a passer ce jour là, j’ai un peu peur, mais je suis contente de mon projet: je trouve qu’il me ressemble ce qui n’était vraiment pas une mince affaire!

J’obtiens les résultats de mon passage et je suis donc diplômée de ma formation, avec une très chouette moyenne générale de 15.45, et un 17 en Oral.

 

Pendant ce temps-là, avec Pauline, on a déjà commencé à évoquer le fait de travailler sur le long terme ensemble. Nous parlons de nous associer sur ce projet car nous sommes très complémentaires et avec la même volonté de faire le mieux possible sur tous les aspects de ce projet.

Pauline a un profil commercial, et moi plutôt de communicante, dans les grandes lignes. Mais nos points communs sont aussi nombreux. 

 

Juillet arrive et c’est une période difficile, intense. On ressent une très grande fatigue et je sais que je suis plus susceptible, car les erreurs se multiplient, le travail à distance commence à être pesant: Depuis le début de la formation en Octobre 2019 je n’ai eu qu’une grosse semaine de OFF en Décembre 2019, et je commence à sentir tous les effets de la période, de mon opération aussi.

 

 A Lyon, c’est la canicule, et la chaleur est difficile à tenir. Je suis littéralement exténuée. Nous décidons de réserver des vacances avec mon mec, pour Août, mais le temps nous paraît très long, d’ici là. Il y a des moments où je perds honnêtement espoir sur tout. Je me demande si je fais les bons choix pour mon avenir, je me remets en cause, je me sens littéralement harcelée pour rien (gérer les réseaux sociaux d’une marque, prends beaucoup d’énergie et peut aussi parfois faire perdre patience.) 

 

Je ne sais pas pour vous, mais ce contre-coup a été douloureux. Je reste vraiment dans ma bulle, de fatigue immense à inquiétude.

 LA SENSATION D’UNE PRESSION ENORME

Août 2020: On part enfin dix jours en vacances, au bord d’une piscine dans un Airbnb à Montpellier, chez nos hôtes, coupés de tout ou presque. On dort jusqu’à midi, ce qui n’arrive jamais.

L’avant-veille de notre départ je suis contactée pour un projet par une agence digitale pour de la photo: j’essaie tant bien que mal d’y répondre, mais les échéances sont courtes, et je ressens trop de pression, avec une personne du cotés client, qui essayent de faire entrer dans un budget des besoins incompatibles c’est à dire qui coûtent beaucoup à produire, en temps et moyen, et demandent une expertise forte, pour un budget “lifestyle” au moins 3 fois inférieur. Cette personne est elle-même pressée par son client.

Je me dis que je n’ai pas envie/l’énergie de le faire, je culpabilise, je finis par refuser le projet depuis mon Airbnb après avoir saoulé mon mec. 

Un autre projet d’une marque dans le prêt à porter, début Août m’est proposé d’ailleurs, puis silence radio, la personne me recontacte idem au moment de mon départ, pour shooter pile à mon retour. Je finis par refuser.

Si j’avais accepté les 2 projets pour mon retour, avec seulement 10 jours OFF, j’aurais passé mon temps à être accroché à mon ordinateur, à faire des moodboards, travailler sur le casting des projets, relancer des équipes, faire les devis, répondre aux questions des clients… 

 

C’est un coup à se taper un burn out dès Septembre, alors que je me sentais déjà vraiment sur la corde depuis Juillet.

 

Je vous raconte ça, car on sous-estime très souvent la pré-prod’ de projets, les échanges avec les marques, les agences, et le fait qu’en Freelance on nous demande d’être hyper réactif pour ne plus répondre à rien quand on a besoin de réponses de notre côté. 

 

Tiens d’ailleurs la semaine de mes vacances j’ai été contactée par un 3éme projet, pour la stratégie digitale et le community management d’une marque de soin bio et naturelle. J’ai calé un rendez-vous le jour même de mon retour pour en discuter. Divers échanges, idées, devis… un premier retour en Octobre alors qu’on devait se rencontrer en Septembre… On est en Décembre et la personne n’a toujours pas donné de vraie suite, alors que je l’ai eu de nouveau par téléphone depuis et que j’avais adapté mon devis. Ce qui m’amène à la suite:

 

LA RENTREE: LE TEMPS DES DECISIONS

Début Septembre, on va à Paris, revoir mes amies et fêter mon anniversaire.

Une bulle d’air frais nécessaire sincèrement car je n’ai pas vu la plupart des gens depuis 2019: un délire! On recharge les batteries, et on rentre.

Je repeins mon espace de travail, je le décore complètement, car je sens que je vais y passer beaucoup de temps.

Je prends ensuite la décision de me concentrer sur Maline et d’accepter très peu de choses en Freelance en parallèle: les dernières expériences, dont certaines que je ne vous ai même pas citées, me font penser que j’ai envie d’approfondir un seul sujet et de m’y investir, ou en tout les cas de ne pas passer du coq à l’âne et perdre mon énergie sur des demandes irréalistes.

On réalise un shooting pour mettre en valeur le Une-Pièce, et le modèle en rose.

On commence les entretiens pour Maline: on cherche une personne pour m’accompagner sur la partie communication et une pour Pauline et la partie commerciale.

On fait des visios avec des jeunes filles pour un Poste d’Alternance, on choisit une personne qui nous fait faux bond, et on rencontre Emilie avec qui le feeling passe super bien ! 

 

Octobre/Novembre:

 

On commence les Pitchs, les présentations, pour les concours auprès desquels nous sommes engagées…

 

C’est une période encore une fois très intense, puisque la plupart des concours se tiennent en plusieurs étapes, nous demandent de répondre à des problématiques différentes dans nos présentations, et surtout sont chronométrés. On doit refaire je ne sais combien de fois les présentations, se les partager au départ car tout tombe la même semaine d’Octobre, puis on est finalistes de plusieurs concours, donc apprendre à pitcher ensemble, s’entraîner…

 

Et puis, en novembre, on est re-confinés alors qu’Emilie nous rejoint avec sa fraîcheur, qui nous fait du bien!

 

On fait un peu de présentiel car il nous semble impossible de l’accueillir par visio et lui présenter tout ce qu’on fait sans se voir! 

 

On poursuit encore les visios avec la modéliste, l’atelier, les galères d’élastique sous basque pour la lingerie qui n’existe plus, les couleurs qu’on souhaite qui sont retirées du catalogue de notre fournisseur, les essayages de prototype…

 

Le 13 Novembre, on signe notre Pacte d’Associée! 

 

Décembre 2020:

Le 3 Décembre, on pitch (oui, encore, ce mot n’existait pas dans mon vocabulaire en 2019, mais c’est comme “confinement”) devant le comité d’agrément du Village des Créateurs pour une boutique.

A 21h, Pauline m’appelle: on a la boutique! Dès Février, “j’irais au travail” et je peux vous dire que j’aime d’amour mon appartement mais que j’ai hâte d’en sortir!

 

Il va donc falloir s’occuper de la mise en place de la boutique, décoration, ameublement. C’est ma passion, mais on aussi le shooting de la collection, en mi-janvier, avec dans la foulée le lancement. Heureusement le casting est prêt. On va aussi visiter le studio photo. Je récupère les stocks chez moi: on part en mission Ikéa, Leboncoin…

 

 

Voilà où nous en sommes, j’ai conscience d’avoir beaucoup parlé de Maline dans cette rétrospective, mais depuis ce mail envoyé le 6 Janvier, je ne pensais pas que ma vie serait prise dans ce tourbillon, j’étais très loin, comme chacun d’entre vous, de m’imaginer un confinement, des restrictions sanitaires, des cinémas fermés…

 

Je n’avais pas de plan précis avec cette formation, je pensais un peu à l’entreprenariat depuis des années, sans vraiment savoir si j’oserais me lancer là-dedans un jour, tant les choses me semblaient titanesques (et elles le sont)

Quand tout ça est arrivé, aka le covid, je me disais que je devais chercher la sécurité avec un job salarié, dès Septembre, car je voulais reprendre rapidement quelque chose de stable pour compenser la perte du travail de mon mec. Il a eu une opportunité assez rapidement après son renvoi, pour une boite en plein lancement elle aussi, et une vision qui correspond aussi beaucoup plus à ses valeurs. J’ai commencé à me dire que c’était finalement peut être le destin tout ça. On se retrouve tous les deux à parler de présentation de Start Up, d’avantages concurrentiels, en même temps, c’est vraiment amusant.

 

Ca aurait d’ailleurs pu péter entre nous, loin de nos amis les plus proches, et privé de relation normale, de soupapes pour respirer. Mais non. 

 

Mes amies les plus intimes, elles aussi, ont vécu des moments difficiles, et nous avons essayé de nous écouter, de nous soutenir. 

 

Sans la citer, l’une d’entre elles m’a dit récemment “Toi aussi depuis le Covid, tu as perdu confiance en toi, tes capacités, tu n’as plus envie de rien ?”, une autre m’a dit “Je ne vais pas bien, ca va passer, mais là, je ne vais pas bien”

 

Franchement, c’est dans ces moments là que je vois qu’on a de la résilience, qu’on donne le change, mais aussi que cette situation nous a beaucoup abîmée.

 

Je nous souhaite, à tous et à toutes de meilleur lendemain <3