Profitons de Paris et ses joyaux sous son gris manteau d’hiver.

Ce dimanche, comme une envie pressante, alors que nous regardions une émission de bouffe sans gluten sur une chaine du câble avec l’amoureux, j’ai dit:

« J’ai envie d’aller au Louvre.

– Ouais. Quand?

– Maintenant. »

Bon, en sortant du métro , j’ai eu l’impression immédiate, que mon « envie pressante » avait été virale, un peu comme cette foutue grippe que toutes mes copines se chopent les unes-après-les-autres. Bref. On s’est faufilés entre un couple d’Anglais et une bande de Japonais, et en quinze minutes nous étions en train de pénétrer le musée, je n’avais pas réalisé que nous étions le premier dimanche du mois, cerise sur le gâteau: c’était gratuit. Et la culture gratuite, c’est comme la confiture, je m’en étale plein-partout au petit déjeuner.

Je ne vais pas assez souvent au Musée, et je préfère me concentrer sur des périodes et des mouvements plutôt que de vouloir trop en faire et être totalement découragée à la fin. Nous avons choisi de nous focaliser sur le second étage :Peintures Françaises du 14 au 19éme siècle  et Pays-Bas, Allemagne, Hollande, entre 15é et 19é siècle, nous somme donc entré via  « Sully ».

Je ne suis pas une historienne, alors c’est comme une amatrice que je vais vous partager quelques coups de coeurs.

2015-02-01 19.12.13 « Serpents et Papillons dans un sous-bois », Otto Marseus Van Schrieck. 1670.

Celui là est le premier chronologiquement à nous avoir bluffé. « L’artiste se spécialisa dans la production d’étranges et inquiétantes vues de sous-bois animés par des insectes, papillons ou lézard et marqués par une lumière tranchée et un jour ciselé, d’une précision proprement exaspérante et virtuose qui plait beaucoup de nos jours. »

J’ai essayé d’en savoir plus en rentrant, mais Mr Wikipedia et Mme Larousse utilise le subjonctif. Ce peintre Néérlandais serait né aux alentours de 1620, aurait voyagé quelques fois en Italie. Son oeuvre consiste en un mélange de sous-bois et d’animaux, qui ne co-existent pas dans la réalité.

« Il y a au XVIIe siècle la conviction d’une correspondance entre les états de la nature et les états de l’homme. On pense notamment au thème de la Vanité qui, faisant appel en même temps à la dure réalité de la nature et à l’imaginaire religieux, montre au spectateur le caractère éphémère des choses de ce monde. Ici Otto Marseus van Schrieck semble chercher dans le monde du sous-bois celui des tentations humaines où se côtoient le péché, le malin et la mort avec l’innocence de l’âme humaine. »

Certains disent qu’Otto cherchait à se réjouir d’une forme de résurrection animal qu’il espérait pour une seconde chance, une seconde vie. Notre premier sentiment a été celui d’entrer dans un monde aussi cauchemardesque que féérique, et nous avons été bluffés par la modernité de cette oeuvre.

photoMon second coup de coeur va pour Jean-Frederic SCHALL et son oeuvre « La comparaison ». 1752-1825.

Ces femmes autours de cette statut, le parallèle m’a semblé si évident, que je m’en suis demandée si je n’allais pas vite en besogne. Dans tout les cas, ces femmes autours d’une statut qui représente sans doute leur idéal de beauté, me rappelle les débats enflammés auxquels j’assiste parfois impuissante, (même si je m’y mêle régulièrement ) sur les codes de la beauté occidentale. J’ai toujours tendance à penser que les femmes sont les plus dures entre elles, et que ce sujet actuel soit le centre de l’oeuvre d’un artiste à cette époque, m’a laissé sans voix.

photo (1)Une salle est consacrée à Camille Corot ( pour la petite histoire on a pensé pendant 10 minutes que c’était sans doute…une femme, jusqu’à s’apercevoir que non, puisque Jean-Baptiste Camille Corot de son nom entier…!) Peintre néo-classique, il y a de très nombreux paysages d’une technique incroyable ainsi que de très touchants portraits des proches de l’artiste. Issu d’une classe familiale plutôt aisé, il viva longtemps des rentes de ses parents et pu voyager à son aise en Italie notamment. Il passa pour un amateur jusqu’en 1850 où il commença enfin à vivre de ses oeuvres. « Pendant les dernières années de sa vie, Corot gagna de fortes sommes d’argent grâce à ses toiles, qui étaient très demandées. Sa générosité était proverbiale : en 1871, il donna 20 000 francs aux pauvres de Paris, qui subissaient le siège des Prussiens. En 1872, il acheta une maison à Auvers-sur-Oise, qu’il offrit à Honoré Daumier, devenu aveugle et sans ressource. En 1875, il donna 10 000 francs à la veuve de Jean-François Millet pour l’aider à élever ses enfants. Sa générosité n’était donc pas une légende. Il aida également financièrement un centre pour jeunes déshérités, rue Vandrezanne, à Paris. »

Un peu d’espieglerie avec ici le portrait de Carlos de Beistegi réalisé par Ignacio ZUOLAGA qui intègrent les oeuvres de Drouais et Ingres, peintures elles aussi exposées dans cette pièce et qui appartenaient à ZUOLAGA qui en fit don au Louvre en 1942. Une mise en abime qui m’a beaucoup plû !

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J’ai été aussi heureuse de pouvoir observer longuement les oeuvres d’INGRES dont la gestion de la lumière qui épouse parfaitement et magnifie les ports de tête et autres dégradés de chaires m’ont subjugués.photo (2) photo (4)

Et pour finir, parce qu’il faut bien finir, Francois Biard, 1839, incroyable.

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En 1839, il participe à l’expédition dirigée par Paul Gaimard, au Spitzberg et en Laponie, avec sa fiancée, l’écrivaine Léonie d’Aunet, qui publia le récit de ce voyage en 1854, sous le titre Voyage d’une femme au Spitzberg. Il tire plusieurs tableaux de ce voyage et peint quatre panneaux à décor nordique pour le muséum national d’histoire naturelle de Paris.

J’ai eu l’impression de voir une magnifique photographie moderne.

« Si les tableaux que lui inspirent son voyage au pôle nord sont l’objet de critiques pour la monotonie de la composition et l’exagération des effets, c’est dans le genre familier que Biard acquiert une réputation, notamment par les qualités de mouvement et d’expression de ces œuvres » C’est sur cette phrase que j’ai envie de m’arrêter. Certaines critiquent à une époque, forment une quasi unanimité quelques décénies plus tard.

 

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