Méthodologie d’une Freelance multi-casquettes

Souvent, quand je rencontre des gens, on me demande ce que je fais dans la vie, et lorsque je parle de mes divers projets, on me regarde avec des grands yeux: « Mais comment tu fais tout ça? »

Les gens qui me suivent sur Facebook me disent en permanence quand je les croise « Mais tu es toujours occupée toi! »( c’est pas toujours vrai, mais disons que je sais m’occuper)

Il y a quelques jours, je discutais avec Gwladys , elle était étonnée de ma rapidité pour lui livrer ses photos et de la manière dont j’envisageais de reprendre un projet. Je lui faisais l’analyse des choses que je trouvais importante, de ce qui selon moi se priorisait, pourquoi, tout en lui listant une sorte de prévisionnel des étapes du projet en question. Plus j’avançais dans ma réflexion et plus elle me disait  » Mais comment tu fais pour organiser tout ça? Par quel bout commencer? Moi si j’ai un projet comme ça, j’abandonne avant même de commencer! « 

Je suis très loin d’être un exemple dans ce domaine, je connais des free-lances qui sont bien plus organisés que moi, je pense à ma copine Pauline par exemple, qui m’émerveille toujours par sa capacité à toujours être ponctuelle, rigoureuse et très productive… La différence majeure entre Pauline et moi, c’est qu’elle est uniquement photographe. C’est très loin d’être une insulte car elle excelle dans son domaine, elle a une carrière florissante, de beaux projets, et j’admire beaucoup son travail. Nous nous connaissons depuis (très) longtemps, 2008 je crois, et même si nous ne nous voyons pas souvent, j’ai pu voir un peu ses méthodes à l’oeuvre quand nous avions des projets communs,et elle est d’une efficacité redoutable. J’ai souligné cette différence entre elle et moi, car je ne suis pas uniquement « un métier ». Je suis aussi mannequin grande taille, blogueuse, et j’ai mon projet de musique. Je fais parfois la production de certains de mes shoots. Ca complique beaucoup mon planning, et j’ai donc du prendre des habitudes.

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MON PARCOURS

Depuis bientôt 8 ans, j’ai un rythme de vie bien différent des gens de mon entourage, surtout quand j’avais 20 ans et que je me suis lançée alors que mes amis étaient à la FAC. Avant d’être photographe, j’ai réalisé un BEP Vente Action Marchande, et un Bac Pro Commerce, en alternance dans une école en région parisienne. Une semaine sur deux, je travaillais dans une boutique de chaussures chics dans une ville de banlieue. Entre mes 15 et 19 ans, j’ai ainsi travaillé et eu 5 semaines de vacances par an, comme les « adultes ». Cette vie a complètement modifié ma perception du travail. A cette période j’avais 2h de transport le matin, et 2h le soir. A 18 ans, j’ai vécu une phase de rupture avec ma mère, qui s’est soldée par une indépendance forcée. J’ai vécu quelques mois chez mon copain de l’époque, jusqu’à trouver un appartement en colocation. Je gagnais quelque chose comme 700euros, et mon loyer était de 415euros. Je n’ai pas réussi à obtenir les APL et chaque mois je galérais. Je sais ce que c’est qu’être vraiment pauvre, et c’est à cette période qu’avec les économies que j’avais pour mon permis, j’ai choisi de m’acheter un appareil photo semi-pro, car j’avais pris la décision d’essayer de faire quelque chose de cette passion que je pouvais enfin exercer librement. C’était sans doute une folie, mais ça a changé littéralement ma vie. 

J’ai obtenu mon bac à la fin de cette année compliqué, j’ai pris une « année sabbatique », je bossais à droite à gauche sur des missions d’intérim pour essayer d’avoir un peu plus que mon chômage, et j’habitais dans une chambre face au Parc Montsouris, chez un basketteurs pro qui me la sous-louait au black pour une somme dérisoire, et qui ne m’adressait jamais la parole quand on se croisait dans le couloir. #bonneambiance

 C’est à cette période que j’ai fait BEAUCOUP de photos. Vraiment, énormément.


DEVENIR PHOTOGRAPHE

J’étais inscrite sur des forums photos sur lesquels j’ai appris beaucoup de choses techniques, j’ai rencontré beaucoup de gens, fait beaucoup de tests, d’essais avec des modèles, monter un collectif avec 2 copines (dont Pauline) qui ne s’est pas très bien fini, mais c’est une expérience qui m’a appris des choses.  Mais vraiment, surtout, j’ai fait beaucoup beaucoup beaucoup d’images.

Ma règle numéro 1: Pratiquez!

Quand on me demande « Comment on fait pour être photographe? » je réponds : « On prend son appareil photo et on fait des photos ». Quand on veut faire quelque chose, peu importe le domaine (cuisinier, graphiste, chanteur, comédien…) on le pratique, c’est vraiment la seule chose que j’ai à dire. Vous pouvez choisir de passer par des écoles, je connais aussi beaucoup d’autodidactes dont je fais partie, ce n’est pas le sujet, quoi qu’il arrive, pratiquez votre passion si vous souhaitez en faire un métier. Je pourrais vous faire un article à ce sujet si ça vous dit!

Le reste c’est une question de statut et de paperasse je vous conseille les livres d’Eric Delamarre pour ceux qui souhaitent approfondir ce sujet et être photographe, j’ai assisté à certaines de ses conférences et il y a beaucoup de choses sur le net pour vous aider.

Avec le numérique, je suis devenue photographe sans m’en rendre compte, je chinais dans des friperies des looks pour mes modèles, je faisais des moodboards avec des images piquées sur Google image, je remercie aujourd’hui Pinterest de me faciliter la vie…

Un jour, une avocate m’a contactée, pour faire des images avec moi, elle n’était pas modèle, mais aimait mon univers, et elle m’a demandé mes tarifs. J’étais dans cette fameuse chambre que je payais au lance pierre et on me demandait mon tarif. C’est là que les choses ont commencé: « Ce que je fais mérite salaire ».

Régle numéro 2: Tout travail mérite donc salaire. Par travail j’entends: une demande de la part d’un tiers, qui n’est pas de votre initiative et qui a des contraintes. Je peux réaliser des projets perso, mais dans ce cas c’est mon initiative, ou j’ai une grande liberté. 

MON JOB

Aujourd’hui, j’ai fait beaucoup de choses très différentes dans ma vie: des books comédiens, mannequins, des lookbooks, du e-shop et du packshot, des campagnes pour des marques, des portraits corporate, je fais aussi des portraits pour des artistes pour des webzines, ou pour leur promo, j’ai fait des pochettes d’albums, et j’ai même réalisé ma première publicité pour Fanta l’été dernier, je shoote pour mon blog, j’écris des chansons, j’ai participé à des conférences pour expliquer mon travail, j’ai exposé un petit peu, et je ne compte pas le nombre d’idées que j’ai, j’ai du oublier des choses.

Oui c’est un vrai métier

Ce que les gens s’imaginent quand ils parlent à des freelances, c’est que l’on travaille quand on veut. C’est en réalité exactement tout l’inverse. On est soumis à des deadlines et au temps de réponse des clients, on a une obligation de résultats, on nous appelle souvent à la dernière minute pour des choses qui en plus doivent être livrées très vite, et on doit essayer de se renouveler en permanence pour proposer de nouvelles choses à nos clients. A chaque fois que je pars en vacances, je loupe une belle opportunité alors que la semaine avant ou après mon planning est presque libre. C’est extrémement frustrant d’autant que partir coûte de l’argent et n’en fait pas rentrer. On cours aussi derrière l’argent qu’on nous doit en permanence.

J’ai cessé de nombreuses relations dans ma vie qui ne comprenait pas que je ne pouvais pas aller boire un café à 16h si j’étais prévenu à 14h.

Régle numéro 3: Votre objectif va être de devoir faire comprendre à votre entourage que vous ne pouvez pas passer 2h au téléphone en plein après-midi, ou prendre un RTT sans prévenir. Expliquez que vos clients sont d’une manière détournée votre patron, ce n’est pas évident, mais c’est important de le faire,dès le départ.


Les deux risques d’un métier indépendant: Procrastiner ou trop travailler.Photo-Rachel-SADDEDINE-4016

« Etre freelance, c’est être son propre patron mais aussi son propre employé »

( Merci Gwladys, c’était hyper bien vu!)

Et pour être bien vu de son propre patron, il faut de la rigueur, et « aller au travail »

J’ai à la fois travaillé en co-working, et seule chez moi. Aujourd’hui j’ai une pièce consacrée à mon travail chez moi, une pièce qui n’est ni mon salon, ni ma chambre, ni ma cuisine, mais un véritable bureau/studio. Ceux qui ont du mal à se concentrer et à avoir des horaires, je vous conseille vivement de faire du co-working! Chacun vaque à ses occupations, il y a des pauses pour avoir des relations avec des « collègues » et vous voyez les gens rentrer chez eux: c’est le signal qu’il faut vous arrêter.

J’ai connu des amis photographes qui bossaient jusqu’à 5h du matin puis dormaient jusqu’à 13h, chaque jour. Ca peut être exceptionnel, mais je ne vous le conseille pas. A long terme vous perdez votre vie sociale et vos clients ne sauront jamais à quel moment vous êtes joignable, ça ne fait pas très sérieux. Vous pouvez même manquer des opportunités à cause de ça!

Régle numéro 4: Si vous êtes dans une phase intensive, il vaut mieux prévenir votre client, annoncer une nouvel deadline, et dire jusqu’à quelle date vous serez plus lent à lui répondre, sinon il risque de prendre ça pour de la démotivation. D’ailleurs, j’annonce quasiment TOUJOURS un délai supérieur à mon estimation au moment de la commande, au cas où j’aurais un imprévu. Quand tu chopes la grippe et que tu es bloquée 5 jours au lit devant Netflix, et ben tu préviens, et du coup, tu ne décales que de 2jours au lieu de 7 selon ton planning perso. La confiance et le respect des délais est primordial.


AVOIR UN RYTHME LE PLUS REGULIER POSSIBLE ( celui que j’essaie de tenir!)

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La plupart du temps, je me réveille vers 8h-8H30 et je m’autorise à checker mes mails et réseaux sociaux depuis mon lit jusque 9h. Ensuite, je passe au petit-déjeuner, à la salle de bain, et il faut qu’à 10h je sois dans mon bureau à travailler. Je mate souvent/beaucoup de vidéos Youtube, des replays d’émissions que j’ai loupées sur Arte ou Canal, je me suis aussi retapée récemment toutes les saisons de Friends, pendant que je travaille, sur un autre écran/ordi car je bosse avec mes yeux (et un peu mon cerveau), donc je peux écouter autre chose, ça dépends du degrés intellectuel du sujet que j’écoute, chacun fait comme il veut bien sur, trouvez l’environnement sonore qui vous convient!

Règle numéro 5: Vraiment, évitez de travailler en Pyjamas, c’est LA mauvaise habitude, il faut vraiment que ce soit exceptionnel, préparez-vous comme si vous alliez au travail, vous pouvez bien sur trouver une tenue confortable et plus cocooning que si vous alliez dans un bureau, mais si jamais on m’appelle pour un projet de dernière minute, je dois être prête à dégainer!

Chaque semaine, je fais le point dans les grandes lignes sur mon planning: les délais, les shootings, et tout ce qui est autours pour la semaine à venir, voir celle d’après si quelque chose qui demande de l’organisation et je fais une estimation du temps que chaque chose prends.

Je note à cotés de chaque shoote: le délais de livraison, le nombre d’images, le temps estimé, et je décide quand je fais quoi.

Par exemple, si le mardi et le mercredi je suis en shooting sur deux après-midi, en fonction du temps de shoots et du temps de retouche ( nombres d’images définies avec le client)  je sais que le jeudi est bloqué pour me consacrer à la retouche, et que donc je ne m’autorise pas de rdv car cela va minimiser ma productivité. Lorsque ce n’est pas possible car j’ai déjà des rdvs, je peux par exemple faire un pré-tri avant mes rdvs, sauvegarder mes images et exporter la selection, et bloquer le vendredi pour les retoucher.

Si le vendredi je shoote aussi, alors, je bloque le lundi d’après. Sachant que c’est pour moi que je préfère faire au plus vite, car d’un jour à l’autre c’est rare qu’on me booke mais je peux être vite débordée si je me dis que j’ai le temps et que finalement on me bloque en option le fameux lundi qui était prévu à la retouche. Mon planning étant aléatoire, j’essaie toujours de ne pas laisser trainer les retouches,

 Régle numéro 6 : Je différencie mon planning perso et mes deadlines perso, aux deadlines de mes clients, de manière à toujours avoir de la marge en cas d’imprévu.

Quand j’ai une journée rdv dans Paris, il m’arrive de prendre des UBER– Chauffeur privé pour pouvoir bosser durant le trajet sur mes sélections d’images ou sur mes mails si je vois que c’est un peu « la folie ». Ca fait un peu « meuf busy qui se la pète », mais ces 40 minutes de transports me font gagner un temps précieux pour plus tard, le vendredi je saurai ce que je dois retoucher et finaliser directement dès 10H- 11H après traitement de mails.

Astuce: Le temps d’editing varie d’un client à l’autre, et répondre aux questions et e-mails aussi, mais grâce à mon smartphone je peux aussi me connecter n’importe où en utilisant la fonction « partage de connexion », ça m’a sauvé la vie quand j’avais des pannes d’internet chez moi, et maintenant je vais être plus sereine quand j’ai plusieurs rdvs extérieurs sans avoir le temps de passer chez moi, car le wifi c’est pas toujours trop ça dans les cafés parisiens.

Il m’arrive aussi, plus rarement, d’être envoyée à des castings par mon agence, la dernière fois j’ai attendu près de 3h assise par terre, avant de passer devant le casteur, je m’étais mal organisée car on m’avait dit que j’étais « pré-sélectionnée », et je croyais qu’on serait beaucoup moins nombreux, un jour comme celui là, j’ai perdu 5h de ma journée, entre le transport et le temps d’attente, pour rien. Désormais, j’emporterais mon ordinateur pour bosser sur place peu importe le casting car on ne sait jamais d’avance combien de temps ça prend.

Evidemment: je traite mes e-mails, je réponds aux demandes de devis (ce qui est souvent la partie la plus chiante et la plus longue car il faut être précis, et ça n’aboutit pas forcément au contrat, mais ca ferait l’objet d’un autre billet si ça vous interesse, et je relance les factures non-payées) J’organise les productions de beaucoup de mes shoots, c’est d’ailleurs ça qui me prends le plus de temps!

Je passe beaucoup moins de temps derrière mon appareil photo que derrière mon ordinateur.

Quand on m’a volé mon portable il y a un mois j’ai vraiment galéré à gérer mon temps,car en plus j’ai subi des coupures d’internet, mon ordinateur, c’est vraiment mon deuxième outil de taff.

Régle numéro 6C’est important d’imposer des limites à vos collaborateurs et de les respecter vous même!

Je cesse de « travailler » autour de 19H30. Je ne réponds plus aux e-mails, et je ne réponds pas au téléphone (sauf si c’est prévu avec le client en amont), au mieux pour les urgences c’est les textos. Sauf si c’est THE BIG PROJET, mais ce n’est pas tout les 4 matins, je sais que je ne pourrais pas régler quoi que ce soit à cette heure là, et c’est hyper stressant de recevoir une bad news à un horaire où personne ne me répondra par ailleurs. A part si la mannequin de mon job s’est cassée une jambe, je ne me plie pas en 4 de manière excessive pour régler les problèmes. La plupart peuvent attendre le lendemain matin!  J’estime qu’être disponible entre 10h et 19H30 c’est à dire 9H30 par jour est déjà suffisant, et j’ai une vie privé à laquelle je tiens.

En générale, c’est là que mon mec coupe aussi son ordinateur, et que je passe à une autre partie du boulot:


MES RESEAUX SOCIAUX

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Je prépare une partie de mes posts en avance, mais je n’aime pas ne pas répondre sur Instagram quand je publie mon travail, donc durant la préparation du diner, je suis un peu la relou sur son portable, j’essaie de corriger ça, mais ça fait partie du job et c’est que là plupart des gens sont disponibles et commentent mes publications. Je gère aussi les MPs à ce moment là.

Je pense que je ferais un article spécial pour ça car c’est quelque chose sur lequel j’essaie de m’améliorer, il va surtout de paire avec le blog que je fais évoluer et qui me demande une organisation un peu différente car je dois anticiper d’autres choses et souvent je dépends d’autres gens pour faire les photos, réaliser les projets!


LE TEMPS LIBRE

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Règle numéro 7: Tirer sur la corde n’est bon pour personne, ça rends nerveux et agressif. donc prenez un bon bain chaud ce sera plus sympa pour tout le monde, par contre prévenez les personnes qui attendent une réponse de votre part!

Je ne prends jamais 1 mois de vacance d’affilé, et pendant des années je n’ai pas pris de vacances du tout. Mais il y a des jours, où je sais que je n’arriverai à rien, je suis fatiguée, démoralisée, malade, et dans ces cas là, je m’autorise un jour OFF non prévu, ou au moins une grasse matinée. J’ai des semaines très variables, parfois si je compte, mis bout à bout avec le blog et mon taff je fais 60h par semaine, donc je prévois un jour dans mon planning  » Ne rien faire », genre paf, un jeudi.

En générale ça signifie que je me mets dans mon lit pour répondre aux trucs urgents et que je préviens ceux qui attendent une réponse de ma part mais sans urgence que je suis « off » et leur réponds demain.

Règle numéro 8: Faites autre chose que travailler!

Je m’étais inscrite au sport, j’ai du arrêter a cause d’un accident, mais mon objectif est de glisser 2 séances par semaine de Pilate-Yoga-Tai-Chi via Youtube, le matin. Je porte d’ailleurs en ce moment même un nouveau legging de sport!  Je commencerai à bosser plus tard, mais je suis bien plus productive donc c’est un bon calcul.


Je me rends compte de la longueur de cet article (qui n’était pas dans ma to do list!), et je me dis que je vais m’arrêter là, car ca risque de devenir indigeste! J’espère que cet article aura éclairé certains sur les méthodologies de tout les jobs en free ( photo, graphiste, styliste, blog…)

N’hésitez pas à me posez vos questions et à me donner votre reflexion. Est-ce-que vous être free? Est-ce que vous y avez songé? Comment imaginiez vous ça avant de lire mon article? Vous lanceriez-vous?

Je vous embrasse et surtout prenez soin de vous!

Cordialement bisous!

Rachel

 

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